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Croissance, crise et dépérissement de la politique

Numéros de page :
11 p. / p. 145-155
En juin 2014, la Belgique et l'Italie annonçaient qu'afin de se plier aux nouvelles règles d'Eurostat elles comptabiliseraient désormais dans le calcul du produit intérieur l'activité de secteurs criminels et illégaux : trafic de drogues, prostitution, soit l'activité de la mafia. Au même moment, de l'autre côté du globe, le Premier ministre japonais Shinzo Abe déclarait sa ferme intention de légaliser les jeux d'argent au Japon pour ouvrir de nouvelles opportunités à l'industrie touristique, potentiel encore inexploité de croissance pour le pays. Qu'arrive-t-il donc aux gouvernements de ces pays pour malmener ainsi les limites éthiques de leurs sociétés au nom de l'augmentation du PIB ? N'est-ce pas là un symptôme aigu d'une obsession pour la croissance, d'une addiction immaîtrisée ? Que nous dévoile cette crise de manque qui semble s'être emparée de nous depuis six ans au sujet de la croissance, soit depuis 2008 ? Quel est le point aveugle sur la croissance, révélé par la crise, que nous peinons à expliciter ? Nous présentons ici une hypothèse : ce qui surgit aujourd'hui, c'est la crise du rôle politique de la croissance.