Que ceux qui croyaient hier à la mort de son héros voyageur - disparu des écrans radars treize longues années, entre 2005 et 2018 - se rassurent et se ravisent : si le créateur de Théodore Poussin plonge dans le silence, c'est pour mieux satisfaire ses nombreuses curiosités, et en offrir les meilleurs fruits le moment voulu. Certains l'ignorent peut-être, mais Frank Le Gall affiche une très nette tendance à la persévérance - pour ne pas dire obstination. Aussi, quand il revient sur le devant de la scène, ne fait-il pas les choses à moitié et propose-t-il deux publications somme toute très différentes, de fond et de forme, mais qui ont pour point commun d'avoir été laissées en gestation durant plusieurs années. Tout d'abord, une bande dessinée, "Mary Jane" (Futuropolis), en coréalisation avec Damien Cuvillier, qui retrace la courte vie de la dernière victime présumée de Jack l'Eventreur. Puis un roman au style enlevé, "La Cantina" (Alma), où il se sert d'un humour perlé pour ériger l'incohérence au statut de la sagacité. Et qu'on ne l'accuse pas trop longtemps de faire des infidélités à Théodore Poussin : paraît au même moment le cinquième volet de ses "Cahiers"(Dupuis).