Aller au contenu principal

"Octofight"

Auteurs
Numéros de page :
pp.52-55
Nicolas Juncker nous a plutôt habitués à des œuvres de fiction historique. "Le Front", "Malet", "D'Artagnan -Journal d'un cadet" et "Immergés" - malheureusement interrompue au tome 3 - évoquent coup sur coup les tranchées de la Grande Guerre, les intrigues politiques du Premier Empire, le parcours d'un mousquetaire et la vie à bord d'un U-Boot. En 2015, avec "La Vierge et la Putain", l'auteur se lance un nouveau défi. Si ce double album réussit non seulement à restituer le contexte du duel entre Elisabeth Tudor et Marie Stuart, il offre également une narration originale, où chaque livre répond à l'autre. "Fouché" [3 tomes] ouvre l'ère des collaborations, ici en l'occurrence avec le dessinateur Patrick Mallet. Celle-ci se poursuit aux côtés de Chico Pacheco, qui met en images, dans un registre plus humoristique, "Un jour sans Jésus" [6 tomes], puis "Octofight" [3 volumes], qui nous réunit aujourd'hui. Entre-temps, Nicolas Juncker nous aura offert "Seules à Berlin", une plongée vertigineuse, poignante et magnifique dans l'agonie de la capitale allemande, au crépuscule de la Seconde Guerre mondiale. Avec "Octofight", il ose pour la première fois la prospective. Dans cette France de 2050, gouvernée par Mohamed Maréchal-Le Pen, l'extrême droite est au pouvoir. Et a décidé d'euthanasier les seniors de plus de 80 ans. Stéphane Legoadec et sa femme Nadège décident de prendre la fuite. Ils trouvent refuge auprès des néo-ruraux, qui acceptent de les accueillir, à condition qu'ils participent aux combats d'octogénaires. Nicolas Juncker évoque avec nous cette trilogie satirique aussi délirante que troublante, dans laquelle il imagine un futur extrême, brutal et vulgaire. Un avenir qui n'est peut-être pas si éloigné de celui qui nous attend...