Diego Lerman
Bulletin : Positif 686 - avril 2018
Auteurs
Numéros de page :
8 p. / p. 22-29
En 2002, Diego Lerman raflait le Léopard d'argent à Locarno avec "Tan de repente", un premier long métrage en noir et blanc qui abordait avec radicalité une thématique homosexuelle taboue en Argentine - et ailleurs. Du côté des femmes, déjà. Car de film en film, son cinéma va suivre de l'intérieur la trajectoire d'héroïnes confrontées à des enjeux sociaux et politiques marqués, en même temps qu 'il devient de plus en plus stylisé. C'est flagrant dans "L'OEil invisible" (2010), qui plonge froidement dans la psyché ravagée d'une jeune surveillante dans un lycée tout en décortiquant les mécanismes du formatage idéologique des futures élites du pays. C'est une évidence dans "Refugiado" (2014), où la compassion pour les protagonistes propose aussi des échappatoires poétiques et des incursions dans le film de genre. Ça l'est à nouveau dans "Notre enfant" (2017), drame réaliste sur une femme torturée par la maternité, mais nourri d'une esthétique qui en déplace la lecture jusqu'à la fable. Il était grand temps de le rencontrer. Sommaire. "Notre enfant" : Stabant matres dolorosae.