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Mai 68, traces et reflets

Numéros de page :
22 p. / p. 94-115
Nulle image filmée n'est entrée dans la mythologie de Mai 68 : des photos, des slogans, des sons radiophoniques ou des interventions télévisées, oui ; mais aucun plan de cinéma indiscutable, qu'il soit documentaire("Le Joli Mois de mai", conçu par le collectif ARC, "Grands Soirs et Petits Matins", de William Klein) ou fictionnel. Il faut attendre juin, quitter le centre de Paris, repartir au turbin pour qu'une image filmée s'impose ("La Reprise du travail aux usines Wonder"). Ce n'est pas un pavé qui vole ou un CRS qui charge, mais une anonyme à l'accent parigot qui se rebelle et ne veut pas y retourner, "dans cette turne". De Mai 68, le cinéma n'offre ainsi que des traces, certaines annonciatrices (le Godard des années 1960), d'autres plus immédiates (le cinéma militant des usines), ou des reflets parfois proches (les films libertaires de Faraldo ou Doillon), parfois lointain ("Milou en mai" de Malle, "Les Amants réguliers" de Garrel). L'oeuvre entière de Romain Goupil depuis "Mourir à trente ans", une grande part de celle d'Olivier Assayas ("Désordre", "L'Eau froide", "Après Mai"...) sont, quant à elles, hantées par l'échec immédiat de Mai mais portées par le vent de liberté qu'il insuffla. Ils en conviennent en s'en amusant dans un étonnant entretien croisé. Sommaire. Oui, Mai !, l'impossible film. Chronologie godarienne de l'avant-Mai. Droit dans le mur, l'aventure des collectifs de cinéma militant. La révolution dans les chambres, sur trois chefs-d'oeuvre de l'après-Mai. Si Mai m'était conté (ou 68 reconstitué). "On a senti le goût de la liberté", entretien avec Olivier Assayas et Romain Goupil.