"Comme si de rien n'était", Eva Trobisch
Bulletin : Positif 698 - avril 2019
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pp.40-41
Robert a invité Jeanne au théâtre, Martin les accompagne. La pièce s'intitule "Nora". Ces trois spectateurs sont assis à l'orchestre ; du drame on n'entendra pas un mot, mais trop longuement pour qu'on ne soit pas surpris une suite de battements de métronome. Le nom de Nora fait penser à l'héroïne de "Maison de poupée", victime de la tyrannie masculine et de l'aveuglement méprisant de son époux : elle n'avoue rien et prend conscience de la nécessité d'affirmer sa liberté. L'allusion n'est pas vaine : elle résume et éclaire l'infortune et la vaillance de Jeanne ; elle les insère dans la longue histoire de ce que subissent les femmes ; enfin l'absence de la parole suggère que le mal appartient au silence et peut-être qu'il est vain de le publier.