Aller au contenu principal

"Histoire d'un regard", Mariana Otero

Numéros de page :
pp.40-41
"Nostalgie de la lumière", "Homeland : Irak année zéro", "Carré 35". Trois pierres blanches auront borné les années 2010 du documentaire, chacune structurées autour du trou noir d'un deuil, la mort de camarades de lutte, d'un neveu ou d'une soeur y devenant le centre de gravité d'introspections obsessionnelles. Or, voici que la décennie naissante s'ouvre à son tour sur une nouvelle réussite majeure du genre, construite sur le même effet de vertige face au gouffre d'une disparition et portée par la volonté démiurge de combler ce manque en faisant revivre la présence réelle d'un absent grâce aux pouvoirs du cinéma. Ainsi commence "Histoire d'un regard" de Mariana Otero, avec la redécouverte par la cinéaste de l'oeuvre de Gilles Caron, photo-reporter météore, enlevé et disparu en 1970 à l'âge de 30 ans dans un Cambodge ravagé par la guerre civile, laissant derrière lui certains des clichés les plus symboliques de la décennie, mais aussi une femme et deux orphelines.