2010-2019 : Bilan d'une décennie
Bulletin : Positif 708 - février 2020
Numéros de page :
pp.89-92, 94-102, 104-111
Ce coup d'oeil rétrospectif sur la décennie cinématographique qui vient de s'achever permet de mesurer la richesse d'inspiration, de créativité et de plénitude d'un art qu'on a si souvent enterré. Souvenez-vous : dans les années 1950, la généralisation de la télévision dans les foyers allait tuer le cinéma ; dans les années 1980, la VHS, le LaserDisc et Canal+ allaient l'enterrer définitivement ; dans les années 2000, avec le DVD, cette fois, c'était sûr ; puis ce furent le Blu-ray, le HD DVD, aujourd'hui Netflix et autres plateformes. Pendant ce temps, dans les salles obscures, des spectateurs avides de découvertes et d'émotion (le plus souvent eux-mêmes grands consommateurs de films à domicile, sur ou sans support fixe) vibrent devant les oeuvres de créateurs au sommet de leur art. Certes, les metteurs en scène qui dominent le classement de nos films préférés de la décennie (et des vôtres) ne sont pas ceux qui drainent le plus de spectateurs. Mais l'existence même de leur oeuvre (et leur coexistence au côté de films à visée évidemment commerciale), leur capacité à créer, à innover, à nous faire rêver, témoigne de la vitalité d'une forme d'expression que les mutations sociologiques, technologiques et économiques n'ont pas altérée. Dans le néoclassicisme de Paul Thomas Anderson, dans le maniérisme assumé de Terrence Malick, dans les recherches poétiques et métaphysiques de Nuri Bilge Ceylan, d'Andreï Zviaguintsev ou de Lars von Trier, dans une décennie de films français et américains, dans la pléthore de jeunes talents apparus depuis 2010 partout sur le globe, dans l'évolution du cinéma d'animation (et l'apparition d'un genre presque nouveau : le documentaire d'animation), repose, mieux que le témoignage d'un art vivant, la promesse de beaux lendemains. Sommaire. A quoi rêvent les films français ? Dix ans de cinéma américain : e pur si muovon ! Les révélations de la décennie 2010. L'animation entre 2010 et 2020. Les films les plus marquants de la décennie.