Alain Resnais et ″Vous n'avez encore rien vu″
Bulletin : Positif 615 - mai 2012
Numéros de page :
26 p. / p. 86-102, 104-112
Il faut être Alain Resnais pour intituler son dernier film « Vous n'avez encore rien vu » et relever le défi ! L'artiste en effet n'a cessé de nous étonner. Quelle surprise de voir « Stavisky ... » succéder à « Je t'aime je t 'aime », « L'Amour à mort » à « La vie est un roman », « Coeurs » à « Pas sur la bouche ». Et pourtant, comme celle de Kubrick, son oeuvre est d'une rare cohérence sous l'apparente diversité. Resnais, comme Mandrake, Guy l'Eclair ou Harry Dickson, est un enchanteur, un aventurier, un explorateur. Peu soucieux des modes (il adapte à contre-courant Bernstein et Anouilh), il témoigne dès ses débuts de sa différence. Quel rapport dans les préoccupations et l'approche formelle entre « Hiroshima mon amour » ou « L'Année dernière à Marienbad » et les films de la Nouvelle Vague, « Les Quatre Cents Coups » ou « Le Beau Serge » ? Eternelle jeunesse de l'esprit ! L'ampleur de « Vous n'avez encore rien vu », sa richesse qui semble reprendre en une nouvelle modulation tant de motifs antérieurs, sa réflexion sur le théâtre et (cette fois) aussi sur les comédiens, nous a incités à proposer ce dossier. Un long entretien conduit par François Thomas, sans doute le meilleur spécialiste français de Resnais, est complété par deux premières approches critiques approfondies et des rencontres avec deux comédiens, Anne Consigny et Mathieu Amalric, qui avaient déjà participé ou précédent film, « Les Herbes folles », dont François Thomas, témoin privilégié, a suivi le tournage qu'il nous relate ici en conclusion .