Dans son compte rendu du festival de Berlin en 2013, Alain Masson évoquait la fulgurante révélation de "Leçons d'harmonie", premier film d'Emir Baigazin, qui méritait mieux que l'Ours d'argent de la meilleure photo (certes splendide), tant cette oeuvre magistrale forme un tout. Depuis, elle n'a cessé de triompher dans les festivals les plus variés, de Seattle à Amiens, de Sao Paulo à Angers. En entremêlant le récit et la table, le réalisme et la stylisation, le cinéaste impose à l'écran la présence physique des visages et des objets, de la nature et de la chair. La beauté des plans ne vient jamais atténuer l'intensité dramatique, et un jeune homme de vingt-huit ans vient nous rappeler le pouvoir du cinéma quand il est aux mains d'un artiste audacieux et intransigeant.