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"La Communauté", Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin

Numéros de page :
pp.164-166
Petite ville de 30 000 habitants dans les Yvelines, Trappes détient un record d'Europe. Avec soixante-sept jeunes partis faire le djihad en Syrie et en Irak, c'est la plus forte contribution d'une ville européenne au contingent des combattants ayant rejoint l'État islamique. Comment expliquer cette singularité ? Avec sa vieille ville et ses grandes barres d'immeubles construites autour de squares, Trappes ne se distingue pas d'autres villes de la périphérie parisienne transformées par la construction rapide de grandes cités de logement social. Construites à proximité d'industries en demande de main-d'oeuvre (usines automobiles), ces cités ont accueilli un fort contingent d'habitants arrivant du bidonville de Nanterre. Particulièrement enclavée entre la nationale 10 et les voies de chemin de fer, la ville est aussi une sorte d'isolat sociologique en plein milieu de la banlieue ouest très résidentielle (à deux pas de Versailles et de la vallée de Chevreuse). Ce monde isolé raconte à sa manière l'histoire d'une banlieue passée de l'encadrement communiste à un paysage social plus éclaté, où les organisations musulmanes sont plus visibles, même si leurs tentations de passage à l'action politique ont vite tourné court.