La Douleur rédemptrice
Bulletin : Religions & histoire 40 - septembre 2011
Auteurs
Numéros de page :
6 p. / p. 60-65
En ce début de XXIe siècle, la douleur physique que nous subissons du fait de la maladie ou de l'accident est de moins en moins acceptée et de plus en plus combattue. Enfanter dans la douleur n'est plus une fatalité et l'obstétrique dispose aujourd'hui de nombreux moyens pour alléger ou supprimer la souffrance des parturientes. L'usage, en chirurgie comme en médecine, de morphine et d'autres antalgiques s'est libéralisé. Parallèlement, la torture, de plus en plus condamnée, est devenue crime contre l'humanité. Les souffrances et les privations que l'on pouvait s'infliger au nom de la religion sont désormais exceptionnelles. Que la douleur soit l'ennemi nous semble aujourd'hui normal, sinon naturel ; c'est oublier que l'Occident a longtemps cru à sa vertu rédemptrice et que nombre de sociétés, en particulier celles de la Mésoamérique précolombienne, ne se sont pas contentées de l'accepter mais l'ont aussi recherchée. Face à la douleur subie et condamnée, c'est de la douleur infligée - à autrui comme à soi - et valorisée dont il est alors question.