Zoroastrisme, le rite pour l'éternité
Bulletin : Religions & histoire 44 - mai 2012
Numéros de page :
46 p. / p. 12-57
Les seules religions d'origine indo-européenne qui aient subsisté jusqu'à nos jours sont celles du domaine indo-iranien. L'exemple indien inviterait à y voir un effet de l'évolution en vase clos si la religion iranienne ne démentait à l'évidence cette représentation. Car elle-même n'a cessé, au cours de son histoire, de côtoyer les cultes les plus divers et les plus imposants, à commencer, aux confins de la Perse, par ceux du Proche-Orient mésopotamien ou élamite, pour finir par le judéo-christianisme des philologues qui s'emparèrent de ses textes. Nous savons par ailleurs qu'il faut relativiser la notion de religion indo-européenne. La restitution d'un panthéon commun donne des résultats incontestables, mais faibles et d'emblée teintés par la différenciation, et celle d'un ″esprit″ commun reste spéculative et contestée. Quand elles produisent les premiers textes qui attestent leur existence, la religion védique, qui deviendra l'hindouisme, et la religion avestique, qui deviendra le zoroastrisme, sont déjà marquées par des innovations profondes aux sources inconnaissables. De ses origines à nos jours, le zoroastrisme n'a cessé de changer, c'est-à-dire d'oublier et de créer, mais il a survécu à toutes les influences par sa fidélité paradoxale à ce qui fait la singularité de son premier développement : une puissante philosophie du rituel.