Proust et Schlumberger. D'un monde à l'autre
Bulletin : La Nouvelle Revue Française 649
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pp.101-108
"A priori", il n'y a rien de commun entre Marcel Proust et Jean Schlumberger. Du premier nous savons presque tout : dernier démiurge du grand siècle du roman, auteur hypersensible d'une oeuvre luxuriante, qu'on relit sans cesse sans jamais y sauter les mêmes passages ; du second, nous ne savons presque rien : auteur méconnu de théâtre et de roman, membre fondateur de "La Nouvelle Revue française" dont il fut « un élément moteur », écrivain de la réconciliation aussi discret qu'équilibré... Concernant Jean Schlumberger, on parle vite de modestie, de prudence, qui sont en somme les bonnes manières façonnées par sa lignée bourgeoise, faisant de lui un « type du bon deuxième ». Longtemps, il resta dans l'ombre des « grands » alors qu'il contribua souvent à leur succès, comme en témoigne la lecture de ses écrits. D'emblée, disons que si le lien n'a rien d'évident, il ne s'agit pas de se laisser aller à penser que deux choses dont on croit qu'elles n'ont "a priori" rien à voir sont au contraire les plus proches, comme le suggère parfois l'enseignement psychanalytique.