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Bruno Fuligni : “Aujourd’hui, mieux vaut être insulté qu’insultant”

Numéros de page :
p.20
“Un adolescent pas fini”, “un mannequin en plastique” : en tenant ces propos blessants et outrageants à l’égard d’Emmanuel Macron, Eric Zemmour a renoué, non sans susciter un certain malaise, avec la pratique des pamphlétaires de la IIIe République. Ce type d’injure où “le désir de faire mal” le dispute à la volonté de “désintégrer l’adversaire” ne “passe plus très bien aujourd’hui, les médias et une partie de l’opinion se rangeant plus volontiers du côté de la victime”, observe l’historien Bruno Fuligni dans son "Petit dictionnaire des injures politiques de 1789 à nos jours". Le livre, dans lequel le pire côtoie le meilleur pour le plus grand plaisir de sa lecture, le démontre : les termes du débat politique se sont singulièrement adoucis au fil des ans dans notre pays. A notre époque, pour être efficace, l’invective doit mettre les rieurs de son côté en évitant la méchanceté pure. “La politique n’est plus un combat de coqs ni une joute, plutôt un jeu d’esquive”, observe Bruno Fuligni. On peut le regretter, tant il est vrai qu’un mot d’esprit répondant à un autre, même avec leur dose de mauvaise foi, peut réveiller un auditoire qu’endort trop souvent de nos jours le style policé et calculé, politiquement correct, des éléments de langage.