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A voix haute. Jean-Claude Magendie, président honoraire de la Cour d'appel de Paris

Numéros de page :
pp.11-13
A l'initiative des plus jeunes d’entre eux, les magistrats et autres professionnels de la justice se sont mobilisés très nombreux à la fin de l’année dernière pour dénoncer leurs conditions de travail. Pour Jean-Claude Magendie, président honoraire de la cour d’appel de Paris, les conditions matérielles ne sont qu’une dimension d’un malaise à multiples facettes. "La paupérisation, qui n’a pas cessé d’empirer dans un contexte d’explosion des contentieux depuis les années 70, a conduit à un empilement de crises multiformes", analyse le haut magistrat, qui les énumère en détail : organisation obsolète, perte de sens, judiciarisation forcenée, état dépossédé de ses fonctions régaliennes. "Cette situation ne peut se prolonger indéfiniment et nécessitera une remise à plat du système" prévient Jean-Claude Magendie. Il en esquisse ici quelques pistes, au nombre desquelles la réunification de la justice administrative et de la justice judiciaire, une réforme de l’Ecole nationale de la magistrature, une adaptation relevant "du bon sens" du droit à se syndiquer des magistrats, un nouveau statut des "parquetiers" qui deviendraient des "hauts fonctionnaires, comme en Allemagne", etc. Et il fait part de sa conviction : l’injection indispensable de crédits supplémentaires pour résoudre la crise matérielle ne saurait à elle seule remettre d’aplomb un système aujourd’hui "à bout de souffle".