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Entretien avec Omaid Sharifi : "Pour les talibans, l'art n'a pas le droit d'exister"

Numéros de page :
pp.20-22
Peindre les maux de l'Afghanistan sur les murs de béton anti-explosions qui défiguraient Kaboul. Telle a été l'ambition du mouvement populaire d'artistes ArtLords ("les Seigneurs de l'art"), lancé en 2014 à l'initiative d'Omaid Sharifi et Kabir Mokamel, et qui a vu la création de quelque 2000 fresques aux messages politiques avant tout pacifistes. Avant la reprise de la ville par les talibans le 15 août dernier, l'organisation gérait sept bureaux dans tout le pays et un autre en Virginie, aux Etats-Unis. Aujourd'hui réfugié, Omaid Sharifi, 34 ans, qui a connu six changements de régime, ne perd pourtant pas espoir et organise un réseau de solidarité internationale. Plusieurs des fresques d'ArtLords ont pourtant d'ores et déjà été détruites par les talibans. Le 4 septembre 2021, il écrivait ainsi sur Twitter : "Vous pourrez peut-être effacer les peintures murales des rues de l'Afghanistan, vous pourrez peut-être faire taire les voix dans certaines parties du pays pendant un certain temps, mais nous crierons si fort que nous serons entendus. Vous ne pourrez pas effacer cela de la mémoire et de la conscience du monde".