Aller au contenu principal

Le Choc de deux France

Bulletin : Le 1 393
Numéros de page :
pp.1-10
Il y a tout juste vingt ans, Jean-Marie Le Pen accédait au second tour de la présidentielle, à la surprise générale. Dans les jours qui suivirent, des manifestations furent organisées dans toute la France, ses idées et ses valeurs largement dénoncées, et le président du Front national se voyait écrasé le 5 mai avec plus de 82 % des voix contre lui. Vingt ans plus tard, sa fille est en finale pour la deuxième fois consécutive, et l'effet de surprise a disparu - ce qui en dit long sur la pénétration des idées d'extrême droite au sein de la population. En 2017, Marine Le Pen avait rassemblé près de 34 % des suffrages sur son nom, un score qu'elle pourrait largement dépasser cette année. Jusqu'à atteindre la majorité ? Verdict, dimanche soir. Mais le simple constat d'un scrutin beaucoup plus serré qu'il y a cinq ans traduit bien la polarisation du pays, déchiré entre un président à la vision libérale et européiste, et la candidate du Rassemblement national, parti dont le changement de nom n'a pas gommé ses fondations xénophobes et autoritaires. D'autant qu'à cette fracture politique se superpose une autre, sociologique et culturelle, entre deux électorats que tout oppose : d'un côté, une population diplômée, plutôt citadine, souvent épargnée par les fins de mois difficiles ; de l'autre, une France plus modeste, laborieuse, originaire des habituels bastions de l'Est et du Nord mais aussi, désormais, de l'ancienne "diagonale du vide". C'est ce choc de deux France, front contre front, qu'explore ce numéro du "1 hebdo". Deux, seulement ? Ce serait oublier un peu vite la France qui s'est abstenue, ou celle qui a voté Mélenchon. La mosaïque hexagonale est, bien sûr, plus complexe et ne saurait se restreindre au tête-à-tête entre des camps qui, au premier tour, n'ont réuni ensemble qu'un gros tiers des inscrits. Sommaire. Front contre front. "Faites mieux". Brice Teinturier : "Ce qui unit toutes les France, c'est une demande de protection". Ni l'un, ni l'autre. Une élection qui rebat les cartes.