Sifu, l'art et la manière
Bulletin : Les Arts dessinés 19
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pp.140-145
Petit miracle surgi à la fin de cet hiver, "Sifu" n'est que le deuxième jeu du studio Sloclap. Il a pourtant été accueilli par un immense succès critique et public, générant un volume de ventes inattendu, avec plus d'un million de pièces écoulées dès le mois de sa sortie. Jeu de kung-fu exigeant à la direction artistique élégante, "Sifu" repose sur un concept aussi simple que révolutionnaire : lorsque le maître de kung-fu qu'incarne le joueur meurt sous les coups de ses adversaires, il ne peut revenir à la vie que plus vieux, le nombre d'années augmentant de façon exponentielle. Âgé de vingt ans au début de la partie, et ne pouvant dépasser les quatre-vingts ans. le joueur ne pourra donc mourir qu'un nombre limité de fois... Ce qui nécessite d'avancer prudemment et d'apprendre patiemment les deux cents coups spéciaux qui s'ouvrent au fur et à mesure de la partie, faute de quoi il ne sera pas possible de découvrir la fin du jeu. Cette exigence paie : "Sifu" enthousiasme, et le studio Sloclap commence à se tailler une réputation internationale méritée après seulement sept ans d'existence. Une petite heure passée en compagnie du très jeune directeur artistique du studio Paul-Émile Boucher permet de comprendre la philosophie maison, emblématique d'un retour en force de la 'french touch'. Sloclap compte dans le paysage après seulement deux jeux, et se hisse déjà par sa singularité aux côtés des Dontnod, Shiro Games ou Quantic Dreams qui font la fierté de notre pays.