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Brésil. L'impensable retour de la faim

Bulletin : Politis, 1724
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Numéros de page :
pp.20-25
Cela faisait des années que l’on ne glosait plus sur ce mot saignant attribué au général de Gaulle à propos du Brésil, « pays d’avenir et qui le restera ». Le voilà qui remonte à l’esprit : c’est un bond en arrière de trois décennies que révélait début juin 2022 le Penssan, réseau de recherche brésilien sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Selon sa dernière étude, 33,1 millions de personnes souffrent de la faim dans le pays. Elles n’étaient « que » 19,1 millions en décembre 2020. La dégradation est vertigineuse, l’un des plus terribles legs du gouvernement Bolsonaro : le Brésil est de retour sur le planisphère mondial de la faim. Il en était sorti en sept ans de présidence de Lula, qui avait affiché la lutte contre la faim comme sa priorité absolue. En fin de mandat, en 2010, la malnutrition avait reculé de 70 % au Brésil. Près de 12 millions de familles – environ 60 millions de personnes, le tiers de la population d’alors – étaient sorties de la grande pauvreté, performance unique saluée par l’ONU. Le nombre de Brésilien·nes souffrant de la faim était alors tombé à 10 millions. Le bilan est si contrasté entre les deux principaux adversaires à la présidentielle du 2 octobre2022 – Bolsonaro l’ultralibéral d’extrême droite, et Lula le social de gauche – que la question de la faim sera l’arbitre de cette élection, affirment divers analystes. Lula a d’ailleurs placé la résolution de cette crise au sommet de son programme, à nouveau. Bolsonaro, tout en contestant les chiffres du désastre, n’en a pas moins augmenté précipitamment l’aide mensuelle de base aux plus démuni·es. « Prenez-la, mais ne votez pas pour lui, il est responsable de vos problèmes ! » leur a lancé Lula. Sommaire. A Recife, le peuple des champs nourrit les quartiers. « La faute aux politiques antisociales ». Un prêtre en croisade pour les pauvres. Comment la Maré a barré la route au covid.