En 2004, les jeux Olympiques d’Athènes avaient été l’occasion d’un numéro des Dossiers d’Archéologie intitulé « Les jeux Olympiques en Grèce ». Dans le sommaire une large place était faite à Pierre de Coubertin et à la notion d’olympisme, associée aussi bien à l’Antiquité et au site d’Olympie en particulier qu’au moment de la « rénovation » des Jeux en 1896. Vingt ans plus tard, ce nouveau dossier sur le sport en Grèce antique propose une approche radicalement différente. Le contexte d’année olympique est évidemment le même, mais la recherche a avancé et renouvelé ses angles d’étude. Ainsi, l’actuelle exposition du musée du Louvre, « L’olympisme, une invention moderne, un héritage antique », met en lumière – derrière la figure de Pierre de Coubertin – l’immense travail de l’artiste archéologue Émile Gilliéron et revisite avec un oeil nouveau cette « rénovation » des Jeux comme un moment de création originale. L’archéologue Christina Mitsopoulou nous l’explique plus loin dans ces pages. Alors que la flamme olympique a été rallumée par une « grande prêtresse » en avril dernier devant le temple d’Héra à Olympie, ce folklore emprunté à l’Antiquité ne doit pas nous tromper. Il n’existe pas de continuité entre les concours panhelléniques antiques et les Jeux modernes. La pratique sportive des Grecs anciens nous est fondamentalement étrangère. D’ailleurs, le mot « sport » ne figure pas dans la langue grecque : on va au gymnase ; on lutte ; on s’entraîne pour la guerre ; on gagne un concours pour honorer un dieu. Ces différents aspects de la culture physique sont abordés dans les articles qui suivent. Conçu avec Alexandre Farnoux, que nous remercions chaleureusement, le sommaire met donc avant tout l’accent sur les spécificités du monde grec, spécificités qui font tout son intérêt. Sommaire. L’étrange sport des Grecs. Les athlètes dans la cité. Du sport à la guerre : l’entraînement militaire en Grèce antique. Les lieux du sport sur l’île de Délos. L’Olympe au bord de l’Alphée : des concours et des dieux à Olympie. Statues d’athlètes : des corps vivants. L’iconographie du sport : des images à foison. La place singulière des concours hippiques. Des femmes athlètes en Grèce ancienne ? Non, le sport n’est pas toujours bon pour la santé ! Émile Gilliéron, passeur d’images entre Antiquité et Jeux modernes.