L'|Equilibre et la passion. A propos de "Ferrari" de Michael Mann
Bulletin : L'Avant-scène. Cinéma avril 2024
01 avril 2024
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pp.172-175
D'abord, hurlons un peu : là où bien des pays d 'Europe, de l'Irlande à la Belgique, permettent de découvrir le nouveau long métrage de Michael Mann sur grand écran, la France demeure ce pays d'irréductibles Gaulois où l'on doit se contenter d'une diffusion directe sur les plateformes. Frustrant pour les films d'un pur cinéaste, qui a toujours pensé sa mise en scène comme moteur absolu et unique de l'oeuvre, même si la légendaire proximité créative de Mann avec le petit écran (de "Miami Vice" jusqu'à... "Tokyo Vice") confère à tout cela une forme de logique. Revenons au film, exemple absolu du projet maudit porté pendant des années. Le cinéaste avait en effet planifié son film dès la fin des années 1990, avec Al Pacino dans le rôle-titre. Vingt ans de persévérance plus tard, "Ferrari" voit enfin le jour, avec Adam Driver dans le rôle éponyme. Que reste-t-il d'un projet porté pendant tant d 'années ? Souffre-t-il d 'une perte de sève ou d'enthousiasme, ou bénéficie-t-il au contraire de la patine des expériences accumulées ? La fougue de Mann ne s'est pas perdue, et le temps a peut-être joué pour l'oeuvre, car "Ferrari" est bel et bien un film de la maturité.