Quand les migrants changent le monde
Bulletin : Sciences humaines 249 - juin 2013
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20 p. / p. 36-55
Il n'est plus un pays, une région du monde qui ne voit partir, arriver ou transiter des migrants. Aux anciennes migrations politiques de l'Est vers l'Ouest ou économiques du Sud vers le Nord, se sont substitués des flux plus complexes, des parcours de migrants disparates. Sociologues, anthropologues, chercheurs en science politique, mais aussi journalistes, apportent un nouvel éclairage à ce phénomène d'une ampleur sans précédent. Certains nous livrent des conclusions pour le moins inattendues. C'est le cas du journaliste canadien Doug Saunders, qui considère les ghettos et bidonvilles en marge des grandes villes, où arrivent les migrants, non pas comme des lieux ″sans avenir″ mais comme de véritables ″villes tremplins″ où foisonne une activité économique et culturelle intense. Les réseaux diasporiques y jouent, parfois en sous main, un rôle considérable. La diaspora chinoise, la plus importante au monde, est d'ailleurs fortement soutenue et encouragée par la Chine, à travers laquelle elle aspire à réaliser son expansion. Loin des idées reçues qui ne voient dans la migration qu'un coût pour la collectivité, les migrants sont désormais perçus comme les acteurs du développement. Le moteur d'une nouvelle histoire. Dès lors, des voix s'élèvent contre les obstacles administratifs, juridiques ou policiers à la libre circulation des individus, jugés indignes et contre-productifs. Les politiques antimigratoires, les murs érigés pour renforcer les frontières nationales n'empêchent pas de passer mais créent un climat de violence où les migrants ne sont qu'″indésirables″. Il est devenu urgent, pour concevoir un droit à la mobilité adapté aux enjeux contemporains, de comprendre comment les migrants changent le monde.