Faut-il sauver le ski à tout prix ?
Bulletin : L'Obs 2983
Numéros de page :
pp.22-23
Qui se souvient de l'"hélicogate" de Luchon Superbagnères ? En février 2020, la polémique faisait rage à propos d'un hélicoptère ayant effectué 60 rotations pour prélever autant de tonnes de neige au sommet de la station pyrénéenne afin de les déposer sur les pistes en manque d'enneigement. Elisabeth Borne, alors ministre de l'Ecologie, s'était étranglée devant ce résumé absurde de notre incapacité à nous adapter à l'urgence climatique. La réponse des élus locaux avait fusé : fallait-il que des gens perdent leur emploi ? C'est tout le dilemme. L'avenir du ski face au réchauffement est devenu un sujet brûlant, particulièrement dans les stations de basse et moyenne altitudes : plusieurs dizaines d'entre elles ont déjà mis la clé sous la porte, faute de poudreuse. Les autres cherchent la parade. Faut-il sauver le ski à coups d'investissements faramineux - pour déplacer les stations vers les sommets - ou de canons à neige? Un tiers des pistes françaises sont déjà équipées d'enneigeurs, une proportion qui devrait grimper au minimum à 45 % dans les prochaines années, si l'on souhaite maintenir la pratique actuelle, selon le Centre national de Recherches météorologiques. Face aux écologistes, qui prônent une sortie lente du ski et la diversification des pratiques, les 120 000 emplois, directs et indirects, sont l'argument massue des territoires montagnards, inquiets qu'on tue la poule aux oeufS d'or. En effet, la montagne française se situe dans le trio de tête des destinations des skieurs du monde entier. Jusqu'à ce jour...