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La Terreur va-t-elle nous changer ?

Numéros de page :
28 p. / p. 46-73
Ce dossier a été écrit dans des circonstances exceptionnelles. Peu après les attentats du 13 novembre, le lundi 16, la rédaction du journal s'est réunie. Nous avons pris une décision que nous n'avions, en neuf années d'existence, jamais eu à prendre : nous avons annulé le départ à l'impression de notre numéro de décembre-janvier, qui était bouclé. Et nous nous sommes donné huit jours pour construire un nouveau dossier, celui que vous allez lire donc, qui tente de proposer une première élaboration philosophique de l'événement. Que peut, en effet, la philosophie face à la tragédie qui vient de nous frapper ? Après les attentats de janvier. nous avions déjà proposé un dossier spécial intitulé "Guide d'autodéfense contre le fanatisme". Cette fois-ci, ce ne sont pas tant les ferments de la radicalisation religieuse que nous avons voulu interroger que la terreur et ses effets. Car nous en sommes arrivés au point où la terreur va avoir une influence sur chaque conscience individuelle, mais aussi sur les décisions collectives. Nous avons interrogé un spécialiste de rhétorique, Philippe-Joseph Salazar, sur les discours des terroristes. Nous avons contacté un historien, Patrick Boucheron, qui a signé un essai intitulé "Conjurer la peur", mais aussi un philosophe tunisien, Hamadi Redissi, et un écrivain israélien, Etgar Keret, pour leur demander comment le risque d'un attentat déteint sur le quotidien. Nous avons invité les philosophes Frédéric Gros, Marcel Gauchet et Catherine Kintzler à analyser les enjeux de la "guerre" qui commence ; par ailleurs, les deux derniers s'opposent sur la question de savoir comment la République pourrait reprendre le contrôle des mosquées radicales, et leur débat sur la laïcité a une certaine urgence. Sommaire. Philippe-Joseph Salazar : "Le communiqué du Califat a une dimension cachée". Les philosophes aux prises avec l'esprit au terrorisme. Dans la ville blessée. Le courage d'avoir peur.