L'Europe prise au piège des migrations ?
Bulletin : Futuribles 446
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pp.97-104
Six ans après l’épisode de la crise migratoire de 2015 qui s’était soldé par un marchandage contesté entre l’Union européenne et la Turquie pour contenir l’afflux de réfugiés en provenance de Syrie, une nouvelle crise a éclaté cet automne 2021, cette fois aux portes de la Pologne, alimentée par les autorités biélorusses en guise de riposte aux sanctions européennes à leur égard. Alors que dans de nombreux pays européens, les partis populistes gagnent du terrain et assoient leurs arguments sur la lutte contre l’immigration et l’islamisme auquel ils l’associent, les questions migratoires prennent une place croissante dans les débats publics - à droite comme à gauche de l’échiquier politique. Et dans ces débats, il n’est pas rare que les pourfendeurs de l’immigration pointent la responsabilité de l’Union européenne. Or, comme le montre cette chronique, les choses ne sont pas si simples. Certes, l’Union européenne a favorisé la libre circulation des personnes au sein de l’Union, et donc les migrations intraeuropéennes (répondant aussi, de la sorte, à de réels besoins de main-d’oeuvre des États membres les plus développés). Mais la gestion des flux migratoires en provenance de pays extérieurs et l’intégration des migrants relèvent des politiques nationales ; chacun a donc sa partition à jouer en la matière : à l’Union européenne de faire en sorte de disposer d’une politique migratoire efficace, concertée et ne faisant pas porter toute la charge sur les Etats membres situés à ses frontières extérieures ; et aux Etats de revoir leurs politiques nationales d’intégration pour ne pas faire le jeu des extrêmes de tous bords.