En démocratie, c'est le peuple qui décide ; en Françafrique, c'est aussi l'Elysée. Du temps de l'empire colonial à nos jours, la France s'est immiscée dans les scrutins des pays de la zone franc, afin de s'assurer que les résultats des urnes demeurent alignés avec ses intérêts. Elle s'est octroyé un droit de vote particulier, que Fanny Pigeaud et Ndongo Samba Sylla qualifient de «suffrage impérial» dans leur livre "De la démocratie en Françafrique" (La Découverte, 2024). Mais l'histoire pourrait connaître un tournant. Les récents coups d'Etat au Sahel et la présidentielle sénégalaise du 24 mars ont fait émerger de nouveaux dirigeants tenant un discours de rupture avec l'ordre néocolonial, et soutenu par des mouvements populaires, en particulier de la jeunesse. Seront-ils à la hauteur de leurs ambitions ?