Stephan Schmidheiny est d'une grande discrétion. La soixantaine, héritier de l'empire suisse de l'amiante-ciment, il dirigea Eternit pendant une dizaine d'années et figure au classement des plus grandes fortunes mondiales. Aujourd'hui au coeur du procès de l'amiante de Turin, il est présenté comme « héritier, entrepreneur, philanthrope ». Une de ses fondations le décrit comme « un pionnier mondial de la substitution de l'amiante dans l'industrie ». Au Brésil, il est tenu pour un héros du développement durable. Mais son histoire est incomplète. Pour échapper à « la vallée du désespoir » de l'amiante, il remodela son empire et fit sa mue au Sommet de la Terre de Rio en 1992. « J'aime, dit-il, la définition du leader comme quelqu'un qui raconte une nouvelle histoire et s'attire des disciples pour cette histoire ». Les milliers de plaintes du procès de Turin lui collent à la peau. « Totalement absurde », proteste-t-il. Verdict à la fin de l'année 2011.