La forme d'une ville change, hélas, plus vite que le coeur d'un mortel, constatait Charles Baudelaire, grand arpenteur des rues parisiennes. Comme lui, bien des auteurs ont cherché à cerner par les mots la forme changeante de notre capitale. Car à notre politique historiquement centralisée correspond une littérature française largement parisianisée. Cette particularité structure l'oeuvre de Balzac : d'un côté les scènes de la vie parisienne, de l'autre, les scènes de la vie de province. Elle se retrouve dans la sociologie de l'édition, longtemps identifiée au quartier de Saint-Germain-des-Prés, avant que des injonctions économiques centrifuges ne la forcent à la dispersion. Et elle marque le paysage intérieur dessiné par nos lectures : additionnez les polars parisiens, les récits de flâneries parisiennes et la Notre-Dame d'Hugo, ajoutez-y une mesure de Balzac, une autre de Zola, une pincée de Georges Simenon et vous verrez soudain s'élever une ville de papier, anamorphose de la ville réelle où toutes ses époques se confondent. Là, les coquillards médiévaux de François Villon, « né à Paris, emprès Pontoise », coupent bourses et jarrets pour tout dépenser au lupanar, où ils croisent Maupassant défiant la vérole, comme son mentor Flaubert, auprès des émules de Nana. Non loin, dans les oeuvres des mêmes, le beau monde dévoile ses laideurs, ses vanités mêlées de splendeurs sophistiquées. C'est dans cette ville fantastique que nous vous invitons à entrer. Sommaire. Auteurs bâtisseurs : les fondations d'un cadre mythique. La flânerie parisienne : un genre qui marche. Paname en mode polar : le crime en Seine. Dans la capitale de l'amour : ces écrivains qui s'encanaillent. Sous les vers de Villon : le grand carnaval médiéval. Sous la plume de Balzac : là où tout flambe et se consume. Haussmann à l'épreuve des lettres : le grand pari de la modernité. Au paradis perdu de Saint-Germain-des-Prés : que reste-t-il du Paris littéraire ?