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La Révolution anglaise de 1688

Numéros de page :
46 p. / p. 7-52
La plupart des récits concernant la Glorieuse Révolution affirment qu'elle fut conservatrice et sans lien avec l'économie politique. Je soutiens au contraire l'idée que les années 1688-1689 constituèrent une révolution radicale, et qu'un de ses aspects les plus radicaux fut la révolution qu'elle instaura dans le champ de l'économie politique. A partir des années 1650, beaucoup de whigs et de radicaux anglais ont considéré que la richesse était le fruit du travail, et donc qu'elle était potentiellement infinie. Ils désiraient en particulier que le gouvernement s'implique davantage dans le développement du secteur manufacturier. Ce n'était pas l'avis de Jacques II, qui était en faveur d'un modèle économique alternatif. Profondément impliqués dans les affaires de la Royal African Company et de l'East India Company, Jacques et ses alliés politiques concevaient la richesse comme un produit de la terre, et de ce fait nécessairement limités. Dans cette optique, le futur économique de l'Angleterre ne pouvait être garanti que par l'acquisition d'un empire territorial outre-mer. Voilà pourquoi Jacques II et son East India Company ont encouragé la guerre en Asie du Sud, ainsi qu'une lutte impérialiste contre la Hollande. Les whigs, qui rejetaient cette stratégie, firent beaucoup d'efforts pour financer l'invasion de l'Angleterre par Guillaume III. Au cours des années 1690, ils entendirent renverser l'ordre économique instauré par Jacques II par la mise en place d'une fiscalité progressive, par des tentatives pour détruire la Royal African Company et l'East India Company et par la création de la banque d'Angleterre, destinée à soutenir le développement du secteur manufacturier. La Révolution de 1688-1689 a ainsi renversé les thèses d'économie politique dominantes en Angleterre, en privilégiant les manufactures plutôt que les territoires.