Entre réseau communautaire intercontinental et intégration locale
Auteurs
Numéros de page :
20 p. / p. 83-102
Les marchands arméniens de la Nouvelle-Djoulfa (Ispahan, Perse) ont créé et animé à Marseille, durant les années 1669-1695, une colonie qui a joué un rôle important et méconnu dans l'intensification des échanges commerciaux entre l'Europe et l'Asie. Le but de cet article est de retracer l'histoire de ce groupe de négociants chrétiens et orientaux dans une ville européenne et d'en apprécier les retombées économiques, sociales et culturelles. L'analyse porte notamment sur les stratégies développées par ces hommes pour concilier leur appartenance à un réseau communautaire intercontinental et les nécessités de l'intégration à une société d'accueil marquée par une forte identité. A travers l'examen de la soudaine disparition de ce groupe à l'extrême fin du XVIIe siècle, cette étude cherche également à comprendre les caractéristiques des redéploiements spatiaux des réseaux marchands dans des périodes de recomposition des routes et circuits du négoce international.