Une Menace venue d'Orient
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26 p. / p. 84-109
Plutôt que de laisser leurs sujets musulmans accomplir librement leur devoir religieux dans les lieux saints de l'islam, les autorités coloniales françaises en Algérie ont fait le choix, dès les premières années de la conquête, d'organiser et d'encadrer les déplacements de leurs pèlerins à La Mecque. Cette ingérence fut d'abord motivée par des raisons de police coloniale et visait à protéger le territoire algérien de menaces extérieures, sanitaires et politiques. Cependant, le caractère très restrictif de ce pèlerinage algérien, en même temps qu'il lui conférait sa spécificité, lui attira de nombreuses critiques. C'est donc sous la pression, aussi bien des milieux coloniaux et diplomatiques, invoquant la liberté du pèlerinage à l'oeuvre dans les autres empires, que le hajj algérien fut contraint de s'adapter. Sous l'influence du Quai d'Orsay, l'organisation algérienne du pèlerinage est progressivement étendue à tout l'empire jusqu'à devenir pendant la Première Guerre mondiale un vecteur d'influence diplomatique en Orient puis, au fil de la décennie 1930, l'instrument d'une promotion de l'empire destinée à contrer deux nouvelles menaces : la montée du panarabisme et la propagande fasciste en mer Rouge.