Politique du nom. La réforme des noms propres en Turquie et ses enjeux
Numéros de page :
120 p. / p. 7-126
Dans la continuité des changements sociopolitiques entrepris par le régime républicain de Mustafa Kemal Atatürk, la réforme des noms propres de 1934 était destinée à instaurer l'obligation du patronyme en Turquie et mettre fin au système onomastique ottoman. Quatre-vingts ans plus tard, le nom de famille n'est toujours pas devenu l'opérateur d'identification qu'il est ailleurs. D'un côté, les noms propres ont été des objets de réforme sans équivalent, des noms nationalisés et racialisés ; de l'autre, maintenus dans l'anonymat, dominés par l'homonymie, autorisés à changer, associées à des lignées ″ennoblies″, ils ont échappé à l'emprise des procédures d'identification étatique. Tel est le paradoxe que ce dossier sur la réforme des noms propres entend examiner en croisant le regard de l'histoire, de l'anthropologie et de la sociologie.