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Les Gauches alternatives à la découverte des régions dans les années 1968

01 janvier 2018
Numéros de page :
pp.147-166
Les dernières années 1960 sont marquées par une vague régionaliste dans tout le monde occidental, particulièrement notable en France parce qu'elle est en rupture avec l'idéologie "jacobine" et parce qu'elle est clairement ancrée à gauche. Plusieurs causes permettent de la comprendre, telles que la "découverte" de l'aménagement du territoire dans les années d'après-guerre, les changements socio- économiques des Trente Glorieuses, l'influence des luttes de décolonisation ou encore l'impact de Mai 68. Plus que tout autre parti, c'est le PSU qui symbolise l'intégration de la question régionale à gauche. Son élaboration doctrinale se fait en deux étapes, productrices de deux héritages : il développe tout d'abord un régionalisme démocratique et légitimiste en 1966-1967, avant d'élaborer une approche nationalitaire plus révolutionnaire en 1971-1974. Progressivement, d'autres organisations de gauche et d'extrême gauche intègrent également une réflexion en nouveauté sur la question régionale. Si ce gauchisme régionaliste a des justifications culturelles et démocratiques – respect et développement des cultures populaires, autogestion des questions territoriales par ceux qui sont concernés –, il a aussi une dimension cognitive et stratégique. L'objectif est de territorialiser les problèmes sociaux pour démontrer qu'ils sont le produit du développement inégal du capitalisme ; d'affirmer que l'Etat n'est pas qu'un instrument dans les mains des capitalistes, mais aussi un acteur direct de l'oppression des périphéries par ses politiques centralisatrices et uniformisantes ; et enfin d'espérer qu'une fusion des différentes luttes locales en des mouvements sociaux régionaux aidera à faire avancer l'agenda révolutionnaire.