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Entretien avec Martin Koolhoven

01 mars 2017
Numéros de page :
pp.138-145
"Brimstone" se présente comme un western délibérément atypique. D'abord, parce que ce genre, aujourd'hui en perte de vitesse, en est arrivé à un stade où il plus guère que des prototypes. Ensuite parce que son metteur en scène est néerlandais et qu'il jette un regard européen sur la mythologie de cette terre de pionniers à travers la croisade désespérée d'un prêcheur calviniste diabolique (Guy Pearce) qui professe une lecture très personnelle de la Bible en usant du droit de vie et de mort sur son épouse (Carice van Houten) et ses deux filles (Dakota Fanning et Emilia Jones) sur fond d'intégrisme religieux et dans une atmosphère délétère d'une perversité qui confine souvent à la perversion. Le réalisateur Martin Koolhoven choisit en outre de déconstruire son récit pour lui donner davantage d'intensité et de profondeur. Représentant de la nouvelle vague du cinéma hollandais, cet inconditionnel de Leone, Peckinpah et Tarantino, né à La Haye en 1965, exalte le baroque et ne craint jamais d'aborder les tabous les plus extrêmes. Il personnifie une génération marquée par les désillusions hollywoodiennes de son chef de file, Paul Verhoeven, et bien décidée à en tirer les leçons en se battant pour son sauvegarder son intégrité. Révélé par le téléfilm "Suzy Q" (1999), Fipa d'ugent au festival de Biarritz, puis plébiscité par le public avec "Kitchen Paradise" (2005), Koolhoeven a signé une dizaine de longs métrages parmi lesquels "AmnesiA" (2001), "Knetter" (2005) et "Winter In Wartime" (2008), qui lui a valu de se faire connaître à l'étranger. Il signe avec "Brimstone" sa première production internationale, tout en assumant pleinement son identité et en s'accrochant coûte que coûte à sa liberté de création et à son indépendance.