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Entretien avec Emmanuel Courcol

01 avril 2017
Auteurs
Numéros de page :
6 p. / p. 124-129
On ne compte plus les films qui ont tenté de décrire l'horreur la guerre de 14. Mais "Cessez-le-feu" ne montre pas la guerre ou très peu. L'action se déroule pour l'essentiel en 1923; soit cinq ans après la fin des hostilités. Pourtant, le charnier des tranchées reste présent dans tous les esprits. Car passés l'exaltation de la victoire, le soulagement de l'armistice, la France a la gueule de bois. C'est de cette gueule de bois dont parle le film, qui à travers le destin de deux frères, anciens poilus, met en lumière les cicatrices tant sociales que personnelles d'un pays blessé qui tente de faire bonne figure mais reste sujet à tous les traumatismes du monde. "Cessez-le-feu" est un tableau de toute beauté, celle d'une France en état de sidération, qui n'en revient pas d'avoir traversé une épreuve qui aurait dû lui être fatale. D'une certaine manière, c'est un peu le reflet inversé du dernier film de François Ozon, "Frantz", situé de l'autre côté du Rhin. Mais Courcol n'est pas Ozon, ne serait-ce que parce que ce "Cessez-le-feu" est un premier film (on lui doit néanmoins d'avoir cosigné le scénario de la moitié des films de Philippe Lioret). Oui est également un coup de maître, un film ample, lyrique, mais précis et troublant.