Les Verts, une gauche alternative ? 1984, fin des années 1980
Bulletin : Revue historique 686 - avril 2018
01 avril 2018
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pp.399-420
Héritiers de la mouvance écologiste des années 1970, les Verts, fondés en 1984, refusent originellement de prendre position sur l'axe gauche-droite. Celui-ci est en effet perçu comme suranné, en dépit même de l'origine politique d'un nombre important de responsables écologistes, passés par des organisations de gauche, en particulier par le PSU, dans la décennie précédente. Or, malgré la volonté affichée de dépasser le clivage gauche-droite, et peut-être en raison justement des itinéraires politiques de nombre d'entre eux, les Verts tentent d'instaurer, dans leurs premières années d'existence, un dialogue avec les gauches alternatives. Plus encore, ils se rêvent en parti pivot d'un camp alternatif en gestation, sans pour autant renoncer à leur identité politique, ni à l'idée que l'écologie constituerait un nouveau paradigme politique, par-delà le socialisme et le libéralisme. Dès lors, une relation ambiguë s'établit entre les écologistes et les gauches alternatives : si chaque acteur a pleinement conscience des bénéfices, notamment électoraux, qu'il pourrait retirer d'une telle alliance, les méfiances réciproques, et notamment la peur des écologistes d'être victimes d'un noyautage par l'extrême gauche, rendent la convergence difficile. Après 1986 et l'arrivée à la tête des Verts d'une majorité "environnementaliste", le rapprochement avec les gauches alternatives n'est d'ailleurs plus le projet du parti, mais simplement celui des militants les plus à gauche qui continuent de croire en une grande convergence "rouge-verte". Face à la candidature de Pierre Juquin en 1988, ceux-ci ont d'ailleurs parfois du mal à se déterminer entre Juquin et le candidat des Verts, Antoine Waechter. A la fin de la décennie, si la convergence apparaît comme un échec, elle a néanmoins permis pour les Verts la captation d'un second héritage, venu de l'extrême gauche, par le biais d'ex-militants notamment trotskistes et maoïstes qui décident de poursuivre leur engagement dans l'écologie politique. Ils compteront pour certains d'entre eux parmi les principaux partisans d'une alliance avec le Parti socialiste dans la décennie suivante.