Portrait de l'historien en aiguilleur du temps
Bulletin : Critique 839 - avril 2017
01 avril 2017
Auteurs
Numéros de page :
15 p. / p. 334-348
La tendance à rejouer le passé pour mieux ressourcer le présent traduit plus un déplacement qu'une mutation radicale de la conscience historique. Le régime moderne d'historicité reposait tout entier sur la conviction du " caractère disponible de l'histoire ". Mais la nécessité des faits établis se plie, de plus en plus, aux hypothèses d'une raison théorique fertile en récits alternatifs et autres "what if histories". Ces réexamen des schémas de causalité, ces réappréciations des rapports de forces, ces mise au jour d'issues manquées de justesse, ces nouvelle pesée des hasards et ces autres contingences sont autant de pratiques qui attestent de l'entrée en force du conditionnel dans les conjugaisons historiennes. Le phénomène est assez répandu pour que l'heure ait sonné d'un bilan réflexif. C'est l'objectif de l'ouvrage coécrit par Quentin Deluermoz et Pierre Singaravélou intitulé "Pour une histoire des possibles. Analyses contrefactuelles et futurs non advenus".