Les histoires d'amour (qui finissent mal en général si l'on en croit le titre du premier film d'Anne Fontaine) concernent au sens large et chaque année une portion importante de la production cinématographique. Mais pour un film qui nous fait réellement battre le coeur, combien de comédies formatées dont on sait tous les rebondissements dès les dix premières minutes ? "Pas son genre" est à cet égard exemplaire, qui nous permet de nous attacher aux deux personnages principaux (dont on aimerait tant que leur histoire réussisse) et nous donne à réfléchir par contrecoup à ce que nous sommes et à la qualité des sentiments que nous pouvons produire. Certes nous comprenons assez vite que le fossé que les habitudes culturelles et les appréhensions sociales ont creusé entre Jennifer et Clément est sans doute un peu large pour qu'ils puissent le combler facilement, mais cela fait partie de la règle du jeu dans toute comédie sentimentale qui se respecte. Mais s'ils ne sont pas tous les deux du même genre, il apparaît que la question que pose le film est aussi celui de son propre genre. Car Lucas Belvaux nous a concocté une comédie sentimentale pour au final la détourner et mettre en avant ses inquiétudes sur l'état de la société à laquelle nous appartenons. Une habitude, soit dit en passant, car si le cinéaste a abordé de nombreux genres (pas le western ni la SF), c'est bel et bien pour décrire le monde dans lequel nous baignons. Il n'est pas didactique, et encore moins militant (même si "Chez nous" en a défrisé quelques-uns), mais il sait de quoi il parle, et où il va. Ce qui fait qu'au delà des genres est en train de se dessiner film après film une oeuvre magnifique, en tout cas d'une belle cohérence, raison supplémentaire de dire à quelques nostalgiques que le cinéma continue à bouillonner au présent. Sommaire. Entretien avec Lucas Belvaux. Les coulisses du tournage. Entretien avec Emilie Dequenne. Du roman de Philippe Vi