La Carrière de Simon Festu, un clerc au service de l'Etat monarchique sous le règne de Philippe le Bel
Bulletin : Revue historique 683 - juillet 2017
01 juillet 2017
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pp.515-540
Au-delà des propriétés d'une trajectoire individuelle, le cas de Simon Festu, dont la carrière ecclésiastique s'est achevée sur le siège épiscopal de Meaux, qu'il a occupé de 1308 à 1317, permet d'aborder les questions relatives à la constitution du champ administratif, aux logiques de pouvoir, et aux pratiques institutionnelles dans le contexte du règne de Philippe le Bel. Simon Festu, en effet, a pris part à l'administration et au gouvernement royal, ce qui l'a conduit relativement haut dans la hiérarchie de l'entourage monarchique, sans qu'il apparaisse toutefois au premier rang. L'ascension sociale de Simon, qui appartient à la catégorie des " hommes nouveaux ", répond à un schéma classique où la proximité du roi est au fondement de la faveur et de la fortune. Antérieurement à sa promotion à l'épiscopat, titulaire de ses premiers bénéfices, il exerce conjointement diverses fonctions au service du roi, d'ordre financier principalement. Conseiller de la reine Jeanne de Navarre et de son fils, le futur Louis X, il participe activement, comme exécuteur testamentaire de la reine, à la fondation du collège de Navarre. En outre, Simon s'est trouvé mêlé au procès de l'évêque Guichard de Troyes, l'une des affaires " politico-religieuses " du règne : l'antagonisme avec Guichard lui a peut-être permis de consolider sa propre position. L'analyse de la trajectoire de Simon Festu montre de manière concrète les liens qui s'établissent entre le gouvernement des hommes et le gouvernement des âmes. La caractérisation de son profil social est indissociable de la question de la composition du groupe auquel il appartient, dont la formation et la reproduction sont orientées par le service de l'Etat, aux structures duquel elles contribuent à donner consistance.