Combattre les fantômes au tribunal : l'affaire Anne du Moulin, 1572
Bulletin : Revue historique 687 - juillet 2018
01 juillet 2018
Auteurs
Numéros de page :
pp.621-646
A partir du procès intenté à la suite de l'"horrible massacre", en janvier 1572 d'Anne du Moulin, de ses enfants et de leur nourrice à Paris rue des Augustins, cet article se propose d'examiner ce que pouvait être " l'action" des fantômes dans la justice d'Ancien Régime. En effet dans ce cas précis, et en l'absence de preuve tangible, l'avocat Barnabé Brisson proposa au tribunal de recevoir le témoignage du fantôme d'Anne du Moulin, qui aurait dénoncé ses meurtriers à son mari. Ce cas exemplaire éclaire selon l'auteur le "moment spectral" de l'aube de la modernité, au cours duquel le fantôme est l'objet de saisies savantes, qui en assurent l'existence et lui permettent d'agir. En retour, il jette une lumière originale sur la grammaire spectrale du droit français au temps de son élaboration, au coeur duquel se situe l'adage polysémique : "le mort saisit le vif".