Littérature de gare
Bulletin : Manière de voir 111 - juin 2010
01 juin 2010
Numéros de page :
32 p. / p. 39-70
De naissance relativement récente, le cinéma et la télévision ont inventé leur propre langage. Il en va autrement du papier : il garde, tel ce repentir du peintre que l'on découvre en grattant les couches superposées sur une toile, la trace des arts classiques qui s'y sont épanouis au fil des siècles. Les genres dits mineurs qui y ont fleuri se sont donc constitués à travers un dialogue constant, fait d'antagonismes et d'inspirations mutuelles, avec leurs voisins légitimes : à ses balbutiements, la bande dessinée a pratiqué le détournement ironique, puis le dynamitage des images académiques, en reprenant une recherche sur le croquis et le graffiti aussi vieille que l'humanité. Le roman policier et la science-fiction, quant à eux, ont produit des oeuvres hors normes, ambitieuses, parfois subversives. Mais, même lorsqu'elle n'atteint pas ce niveau, la littérature populaire, qu'elle soit aliénante ou libératrice, se distingue par sa séduction immédiate et par sa capacité à stimuler l'imaginaire du lecteur.