Aller au contenu principal
couverture du document

Le Retour de la biosphère

01 décembre 2010
Numéros de page :
27 p. / p. 71-97
L'actuelle course au gratte-ciel le plus haut, dans laquelle se sont lancées diverses capitales, représente une recherche de la performance pour la performance héritée du XXe siècle, le symbole d'un optimisme technologique aveugle et d'une architecture qui gaspille les ressources naturelles autant qu'elle maltraite les humains. Or le nouveau millénaire ne peut plus ignorer l'impératif écologique. Confronté à la nécessité d'une vertigineuse conversion mentale, on commence à chercher comment composer avec ce ℗ monde fini ® dont la conscience s'impose peu à peu. Abou Dhabi suscite la curiosité du monde entier en construisant la cité idéale, Masdar, dont l'impact sur l'environnement se veut quasi nul. Plus banalement, dans les pays riches, de nombreux citadins aisés, aspirant à retrouver le lien avec la nature, établissent leur résidence principale ou secondaire à la campagne ; mais l'habitat dispersé qu'implique ce choix se révèle très gourmand en énergie et en infrastructures. Les vraies solutions sont peut-être moins séduisantes, et moins spectaculaires. Assurer une qualité de vie minimale à tous, ce serait d'abord s'attaquer à un problème pudiquement passé sous silence : celui de la pollution par les déjections humaines, qui concerne près de 40 % de la population mondiale. Ce serait aussi, pour ceux qui sont confrontés à un foisonnement de technologies, se soucier d'une autre forme d'écologie : celle de la perception sensorielle, du temps, des distances, bref, de ce monde en trois dimensions que court-circuitent des moyens de communication envahissants.