Zones de friction
Bulletin : Manière de voir 128 - avril 2013
01 avril 2013
Numéros de page :
38 p. / p. 33-70
Quand il est apparu au XIIIe siècle, avant qu'il ne désigne la délimitation entre deux Etats, le terme « frontière » représentait la ligne de front établie par une armée. Cette étymologie militaire ne s'est pas démentie avec le temps : à travers les siècles et les continents, souverains, rois et autres empereurs ont tenté de conquérir par la force de nouveaux espaces. Car la taille d'un royaume fut longtemps le critère principal pour apprécier sa puissance. De nos jours, l'extension territoriale n'est plus une fin en soi. La plupart des conflits frontaliers, qu'ils soient violents ou diplomatiques, portent sur des régions précises, celles qui recèlent d'importantes richesses naturelles ou qui, à l'image des îles Kouriles, occupent une position stratégique. Toujours plus pressante, la course aux matières premières. Frontières et guerres sont si intimement liées que les premières peuvent servir à qualifier les secondes. Quand un conflit se déclenche entre deux pays limitrophes, comme ce fut le cas entre le Pérou et l'Equateur, on parle de guerre internationale. S'il a pour théâtre un seul et même Etat, on évoque une guerre civile. La formule recouvre diverses situations : des populations qui s'affrontent pour des raisons religieuses, ethniques ou politiques ; une fraction armée qui tente de s'emparer du pouvoir ; au Soudan, au Mali ou au Kurdistan, les revendications indépendantistes - et donc la volonté de créer de nouvelles frontières - d'une partie de la population, parfois opprimée, sont source de guerres.
Note Générale : Dossier de 9 articles.