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01 juin 2013
Numéros de page :
30 p. / p. 43-72
L'attribution du prix Nobel de la paix à l'Union européenne en 2012 a paradoxalement rappelé que, depuis les grandes heures de la réconciliation franco-allemande et du « plus jamais ça » dans les années 1950, l'intégration communautaire n'avait pas trouvé d'autre projet mobilisateur. En dix ans, le nombre d'Etats membres a pratiquement doublé, passant de quinze à vingt-huit avec la Croatie en 2013. Pour les nouveaux arrivants, l'Union est avant tout un Marché commun, même si, pour quelques-uns, elle constitue également une assurance contre la domination de Moscou. Mais, face à la récession qui menace et à l'interminable crise de l'euro, la dimension politique de la fédéralisation du continent n'occupe guère les débats du Conseil européen. Dès qu'une question géopolitique importante se pose, les Etats membres partent en ordre dispersé. Il en fut spectaculairement ainsi au moment de la guerre américaine contre l'Irak en 2003 : illégale, fondée sur le mensonge grossier des armes de destruction massive, elle aurait dû susciter leur réprobation unanime et celle de la Commission. Six pays de l'Union se sont pourtant engagés derrière Washington. Forts en rhétorique pompeuse sur les valeurs communes, les pays membres échouent devant les cas pratiques. Quel projet pour quelle Europe ? La réponse ne cesse d'être différée du fait de l'hétérogénéité croissante de l'Union. Le bricolage institutionnel et la fuite en avant dans les élargissements semblent alors servir de seule ligne de conduite à des dirigeants sans vision.