Né à Santiago du Chili en 1953, Roberto Bolano est mort à Barcelone en juillet 2003. Enfant terrible de la littérature, il est aujourd'hui reconnu comme le romancier latino-américain le plus important de sa génération. La plupart de ses livres ont été traduits en France aux éditions Christian Bourgois. L'entretien que nous publions est l'un des deux derniers qu'il ait accordés. Cette interview, réalisée par Raul Schenardi à la Foire du Livre de Turin, deux mois avant une mort que Bolano savait prochaine, surprend par son ton détendu et amical que l'on rencontre rarement dans ses entretiens, caractérisé par un langage mordant, agressif, désacralisant et provocateur que l'écrivain utilisait pour contester la caste des scribouillards, des critiques et des intellectuels qui tiraient parti et profit de la rhétorique de la littérature latino-américaine du« boom » et du réalisme magique, c 'est-à-dire d'un système de valeurs et de mythes qu'ils maintenaient en vie alors qu'il était désormais mort et « n'avait plus rien à dire ».