"Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée" est une pièce stupéfiante si l'on songe qu'elle a été écrite à la fin de la Monarchie de Juillet. Musset a eu l'audace d'imaginer un théâtre épuré, un théâtre très pur, inouï à une époque où triomphaient sur les scènes les mélodrames, drames romantiques et autres fresques historiques, qui tous fonctionnent au retournement de situation, à la succession de péripéties, à la surprise, en un mot au coup de théâtre. Pas de coup de théâtre chez Musset, mais des corps et des âmes qui se frôlent et se heurtent, des désirs qui se croisent et s'affrontent, des êtres qui se prennent et se livrent toujours par la seule puissance du verbe.