Il y a de livres dont la rencontre foudroie. Il est rare qu'on s'en déprenne. Cela peut arriver cependant ; et l'on peut à l'inverse s'attacher durablement aux livres qu'il a fallu conquérir, aux textes qui résistaient, qui ne se livraient pas, dont la lumière peinait à traverser d'épaisses parois, avec ce goût amer de brouillard, ce sentiment de piétiner parmi les mots, parmi les mots seulement, enfin l'immense gratitude quand tout cela se lève, qu'il ne reste plus qu'un soleil... Mais pour certains des livres dont la rencontre fut dès le premier instant décisive, rien ne modifie, ni l'accoutumance, ni la proximité peu à peu gagnée, la puissance première.