Enjeux politiques et sociaux de la culture chevaleresque au XVIe siècle
Bulletin : Revue historique 655 - juillet 2010
01 juillet 2010
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Numéros de page :
26 p. / p. 551-576
Alors que la première modernité est traditionnellement présentée comme le ″crépuscule de la chevalerie″, le nombre et la diffusion des romans de chevalerie n'ont jamais été aussi importants. Paradoxalement, alors que les liens entre histoire et politique ont été l'objet de l'intérêt des historiens; celui entre littérature et politique demeure peu étudié. Pourtant, les littéraires, telles qu'Emmanuelle Poulain Gautret et Elisabeth Gaucher, ont récemment démontré la dimension politique de la littérature chevaleresque de la fin du Moyen Age. Cette littérature connaît depuis ses origines des mouvements de réécritures incessants qui lui permettent de survivre tout en s'adaptant aux évolutions de la société. Les traductions en prose et le passage du manuscrit à l'imprimé sont l'occasion, au cours du XVe siècle et de la première moitié du XVIe siècle, d'une redécouverte de la culture chevaleresque avec les yeux de la Renaissance. L'étude des prologues des romans issus des anciennes chansons de geste permet de saisir quels sont les pratiques, les fonctions et les enjeux de la transmission de la culture chevaleresque dans une noblesse confrontée à la genèse de l'Etat moderne, à la concurrence de la Robe et de la bourgeoisie, et aux critiques de plus en plus acerbes de sa position de domination.