Entre littérature, science et politique
Bulletin : Revue historique 658 - avril 2011
01 avril 2011
Numéros de page :
21 p. / p. 243-263
Les oeuvres alchimiques de Thomas Norton (The Ordinal of Alchemy) et George Ripley (The Compound of Alchemy) constituent deux des plus importants témoignages de la popularité de l'alchimie dans l'Angleterre de la seconde moitié du XVe siècle, mais elles n'ont généralement été étudiées que sous l'angle de leur pseudo-scientificité. Or, leurs auteurs abordent, particulièrement dans leurs prologues, des questions cruciales sur les notions de littérature, de langue et de connaissance, mais aussi sur leur rapport au pouvoir et au prince. Cela est d'autant plus notable qu'ils souhaitent transmettre une discipline à la croisée des sciences et des arts, marquée par la culture du secret. De fait, ces textes invitent à repenser tout autant les frontières établies entre cultures savantes et non savantes que celles entre les genres littéraires médiévaux. Ils participent pleinement à la constitution d'une culture laïque possédant une forte identité anglaise et marquée par des enjeux politiques essentiels - la transformation du prince aux fins de bon gouvernement - dans le contexte d'une société politique troublée par la guerre civile.